lundi 28 juillet 2014

Le volume de shale impliqué dans la fracturation hydraulique

Document R-7 - Le volume de shale impliqué dans la fracturation hydraulique -

Remarque préliminaire : ce document, tout comme les cinq autres suivants (R-4, 5, 6, 7 et 8), est écrit pour apporter une réponse à un texte nommé "Debunking Durand", ainsi qu’à sa version en français. Nous voulons ici reprendre et compléter certaines explications techniques et scientifiques, qui sont dénaturées ou erronées dans les documents "Debunking Durand" (réf.1).
« le volume maximal de roche qui peut être stimulé est de 20 millions de mètres cubes, soit moins de la moitié de l’estimation minimale présentée par Monsieur Durand » (réf.1, p.7)

Cela pourra paraître davantage un point de détail que d’arriver à une mesure correcte du volume de roc qui se trouve totalement modifié par les opérations de fracturation hydraulique, et cela de façon irréversible. Mais les auteurs anonymes reprennent ici un élément que j’ai présenté lors d’un débat à Sherbrooke le 12 juin 2012. J’indiquais dans ma présentation qu’un puits vertical simple dans un gisement perturbait et modifiait un volume que j’estimais à 1000 m3, alors qu’un puits avec extension horizontale à fracturation hydraulique modifiait un volume de roc 50 000 à 150 000 plus grand : un volume de 50 à 150 millions de mètres cubes.

Pour arriver à ces valeurs, j’ai utilisé simplement des valeurs fournies par l’industrie au BAPE ainsi que les données connues de l’épaisseur du shale de l’Utica (100 à 300m). Comme il semble bien que les auteurs anonymes du texte «Debunking Durand » et les deux experts présents au débat scientifique du 12 juin 2012 de l’industrie présentent quelques similitudes de préoccupations et de pensée, je vais reprendre ce calcul en utilisant ce que Monsieur Mario Lévesque et Michael Binnion ont présenté le 12 juin à Sherbrooke. Il s’agit d’une vidéo montrant les mesures microsismiques d’une opération de fracturation hydraulique dans le shale de Marcellus (voir à la minute 10m08 du bloc 6 de la vidéo ). La vidéo n’a pas été présentée de façon intégrale lors du débat, car il y manquait les commentaires audio qu’on peut retrouver sur le document complet (référence 2).

Sur deux images extraites de la présentation (figures 1 et 2), nous avons ajouté les dimensions à partir des indications données dans le commentaire audio. Le volume de la fracturation déborde du cadre ajouté (les points de couleurs diverses hors du cadre noir que nous avons superposé). Certains de ces points sont latéralement à plus de 1500 pieds (environ 500m) de la position du forage le plus près ; ils ne seront pas pris en compte dans ce calcul qui se limite à ceux situés l’intérieur du cadre noir.

Nous avons donc un volume dans un espace de 1250m x 1540m x 365m, ce qui donne un peu plus de 700 millions de mètres cubes. On doit préciser qu’il y a sept forages fracturés simultanément, mais le commentaire et les données de microsismique qui apparaissent dans la vidéo indiquent qu’on serait arrivé à fracturer ce même volume avec deux fois moins de forage, donc trois ou quatre forages auraient suffi d’après M. P. Duncan qui explique cette fracturation. En divisant le volume total par 3,5 on peut donc penser que chaque forage représente 200 millions de m3 de volume fracturé. C’est dix fois plus que la valeur de 20 millions que donne le calcul des auteurs dans «Debunking Durand »(réf.1) dont l’estimé par ailleurs n’est appuyé par aucun cas réel.

Figure 1. Vue en plan de l’opération de fracturation hydraulique sur sept puits dans le shale de Marcellus (réf.2). Ces sept puits couvrent une de 2 Km2, soit 3,5 puits par Km2 dans ce cas-ci.

Figure 2. Vue en coupe de l’opération de fracturation hydraulique sur sept puits dans le shale de Marcellus. (réf.2).

Je maintiens donc mon propre estimé (50 à 150 millions de mètres cubes pour un forage de 1000m) sur lequel j’appuie mes conclusions et j’attendrai d’obtenir de l’industrie des relevés réels de monitoring microsismique pour les 18 puits fracturés dans le shale d’Utica au Québec pour préciser, le cas échéant, ce calcul préliminaire.
Ces données réelles, je les demande sans succès depuis plus d’un an. Au MRNF, on me répond que les compagnies ont une obligation de déposer le rapport de fin des travaux, mais qu’il n’y a aucune norme ou directive quant au contenu du rapport. Ainsi le rapport déposé par Questerre Corporation Inc de Monsieur Michael Binnion (réf.3) ne contient que des feuilles journalières pour une très courte période des travaux (2 au 13 septembre 2012) qui se sont étendus jusqu’en mars 2009 et qui ont comporté de la fracturation hydraulique, comme me l’a confirmé M. Michael Binnion lors du débat. Il a également indiqué en réponse à une autre question qu’il n’y avait pas eu de monitoring microsismique pour ce puits. Le rapport rendu public  (réf.3) récemment ne contient aucune donnée sur cela.

Marc Durand, Doct-ing en géologie appliquée, juillet 2012.

Références :

1- Anonyme 2012. Debunking Durand / et traduction,  ogsaq / afspg, 7 et 8 p.

2- Duncan, P., 2011, Executive Chairman of the Board for MicroSeismic, Inc. Presentation Ohio Governor's conference, fall 2011. M. P. Duncan commente la vidéo.

3- Questerre Corporation Inc. 2008. Rapport du forage A-263 St-Jean-Sur-Richelieu, 47 p.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire

Vos questions et vos commentaires sont bienvenus.